Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème COMMERCE INTERNATIONAL
 Pays ETATS-UNIS / PACIFIQUE  Date octobre 2015

Libre échange : l'accord de partenariat transpacifique (TPP) pour 2016 ?

Synthèse : Après 7 ans de négociations, le traité de libre échange transpacifique (TPP) semble désormais en bonne voie ! Début octobre à Atlanta, les 12 pays* participant à ce projet hautement stratégique pour les Etats-Unis ont validé un accord de principe qui devrait être officiellement ratifié début 2016. Les futurs membres du TPP représentent 40% du PIB mondial : un contrepoids crédible face à la Chine et ses projets de zone de libre échange eurasiatique et d'intégration économique régionale...

Les quelques sujets sensibles qui restaient en suspens sur la table des négociations dressée par l'administration américaine ont finalement abouti à un consensus global sur les dispositions générales de l'accord.

La Chine n'était pas invitée... et pour cause !
Le TPP vise avant tout à étendre la zone d'influence économique et politique des Etats-Unis sur une région où la Chine est en positon de force. Néanmoins, Pékin a pris acte de ce nouveau traité se disant "ouvert à tout mécanisme fondé sur les règles de l'OMC", tout en affirmant vouloir se concentrer sur ses propres projets de partenariat économique.

L'administration Obama a eu recours quant à elle à la procédure dite du "Trade Promotion Authority" qui oblige le Congrès américain à accepter ou refuser le texte de l'accord sans pouvoir l'amender. Reste à savoir si cet accord sera ratifié car il est contesté par une partie non négligeable de la classe politique américaine...

* Trans-Pacific Partnership : Etats-Unis, Japon, Canada, Mexique, Australie, Nouvelle Zélande, Brunei, Singapour, Vietnam, Malaisie, Chili et Pérou.
Avis de l'expert : En intégrant pas moins de quatre Etats membres de l'ASEAN** (Vietnam, Malaisie, Singapour et Brunei) dans son accord de partenariat transpacifique, Washington avance ses pions en mer de Chine pour contrarier les plans d'intégration régionale de Pékin...

Si l'accord est effectivement ratifié en l'état, cela permettra aux Etats-Unis d'établir en Asie plusieurs points d'appui pour poser les bases d'un cadre juridique et réglementaire des échanges Asie/Occident intégrant notamment les notions de protection de la propriété intellectuelle et de lutte contre le protectionnisme : deux sujets particulièrement clivant dans les rapports USA/Chine.

Le TPP constitue également une réplique au projet chinois de "nouvelle route de la soie" qui vise à établir un réseau opérationnel d'infrastructures favorisant les flux logistiques au départ et à destination de la Chine (cf. Atmosphère Internationale de mars 2013). La création récente de la Banque Asiatique d'Investissement pour les Infrastructures (BAII) basée à Pékin, concurrente directe de la Banque Asiatique de Développement (BAD) sous influence américaine et japonaise, en dit long sur les intentions chinoises dans la région (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2015).

Mais c'est probablement avant tout le projet de partenariat économique régional global (RCEP), impliquant l'ASEAN et 6 autres pays dont la Chine**, qui inquiète le plus les intérêts américains dans la région. Une super-zone de libre échange à l'échelle du continent asiatique dominée par la Chine, voilà une hypothèse à risque pour les poids lourds occidentaux !

A moins que Chine et Etats-Unis n'anticipent déjà le coup d'après : un rapprochement futur entre TPP et RCEP ? Dans ce cas, les négociations bilatérales officieuses reposeront forcément en bonne partie sur le poids économique et le niveau d'influence politique respectif des deux protagonistes dans la région.

Côté commerce international, qui dit nouvelle zone de libre échange, dit nouvelles opportunités !

Nul doute que nous serons amenés à réfléchir à des nouveaux scénarios de flux cross trade entre les parties de l'accord, pour accompagner des entreprises qui voudront optimiser les coûts de fabrication dans certains des pays membres et livrer directement leurs marchés à l'export afin de réduire les coûts et les délais de transport.
Les préférences tarifaires (réduction ou exonération des droits de douane) découlant de nouvelles règles d'origine qu'il faudra appréhender et maîtriser leur permettront d'augmenter leur rentabilité et leur compétitivité.

Sur toutes ces questions, n'hésitez pas à consulter nos experts en Global Supply Chain Management !

* Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) : ASEAN (Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, et Vietnam) + Australie, Chine, Inde, Japon, Corée du Sud et Nouvelle-Zélande.
Imprimer  D. CAMMARANO
Source(s) : Divers media (octobre 2015)
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