Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème COMMERCE INTERNATIONAL
 Pays ROYAUME-UNI / UE / MONDE  Date octobre 2016

Brexit : le Royaume-Uni au ban du commerce international ?

Synthèse : Trois mois après le vote par referendum de son retrait de l'Union européenne, le Royaume-Uni est confronté à de sérieuses répercussions macroéconomiques : exclusion des accords commerciaux de l'UE, fin de l'exonération des droits de douane et de l'autoliquidation de la TVA pour les produits "made in UK" importés sur le territoire communautaire, rétablissement de barrières non tarifaires, prise de distance des Etats-Unis vis-à-vis d'un partenaire en perte d'influence,... l'optimisme ne semble pas même de mise chez les partisans du "Hard Brexit" !

En sortant de l'UE, la 5ème économie mondiale au classement FMI 2016 (devant la France) s'est auto exclue du socle communautaire en matières de réglementations douanières et fiscales et de partenariats commerciaux. En toute logique, les importations du Royaume-Uni sur le territoire de l'UE ne peuvent plus être considérées comme des opérations intracommunautaires : le Royaume-Uni est passé du statut d'Etat membre à celui de "pays tiers" à l'UE... sans accords commerciaux préférentiels !

Le Premier ministre Theresa May, toujours fermement partisane d'une sortie définitive de l'UE, souhaite donc garder sa place au sein du marché européen via un "accord sur mesure", dans les faits inconciliable avec le rejet du principe de libre-circulation des personnes.

L'isolation économique du Royaume-Uni laisse perplexe ses principaux représentants, et si certains pays ont renouvelé leur allégeance à la couronne (Australie, Nouvelle-Zélande), le patronat britannique s'inquiète sérieusement de l'avenir des entreprises qui ont axé leur développement sur le marché communautaire : pour conserver leur compétitivité elles devront, selon certaines estimations, absorber une augmentation globale de 4,8 milliards GBP de droits et taxes annuels (4,8% de taxes européennes en moyenne, selon les règles de l'OMC), et pour certaines filières industrielles (aérospatial, automobile,…), un surcoût de 10 à 20% généré par les barrières non tarifaires propres à ces secteurs.
Pour enrayer ce problème majeur, le ministre des finances du Royaume-Uni a annoncé qu'il envisageait d'abaisser le taux de l'impôt sur les sociétés à 15%, contre 20% actuellement en Grande Bretagne.

Une situation mal anticipée par les pro-Brexit qui comptaient sur le puissant allié américain pour stabiliser l'équilibre économique du pays dans cette période de transition... Mais Londres se heurte à un mur : en atteste la déclaration très médiatisée du Président Obama en avril dernier, selon laquelle sa sortie de l'UE relèguerait le Royaume-Uni "en queue de peloton" en matière de relations commerciales bilatérales. Une position que les faibles chances de succès rapide des négociations pour le Traité transatlantique (TTIP) UE/USA (cf. Atmosphère Internationale d'octobre 2016) ne semblent pas ébranler.

Et les déconvenues s'accumulent...
En Asie, la Corée du Sud et le Japon ont également manifesté leur hostilité vis-à-vis d'un Royaume-Uni indépendant : refroidis par l'envolée du yen que le Brexit a presque instantanément provoquée, les principaux exportateurs japonais qui profitaient jusqu'alors d'une déflation favorable parlent de réviser leurs activités sur le territoire britannique et de rediriger une part de leurs investissements vers d'autres zones européennes.
Avis de l'expert : Fragilisé par sa fracture récente avec l'UE et la volte-face des Etats-Unis, le Royaume-Uni adopte une position encore floue sur sa politique post-Brexit. La volonté affichée par Mme May de s'émanciper du giron européen se confronte violemment au fameux "pragmatisme économique" attribué non sans raison aux Britanniques...

Et même si la nouvelle "dame de fer" annonce à qui veut l'entendre que le Royaume-Uni va accélérer ses efforts dans la construction d'accords bilatéraux avec l'Océanie, l'Inde ou le Mexique, qui peut réellement prendre au sérieux cette "menace" de concurrence directe de l'Union européenne à l'international ?

Toutefois, même si Bruxelles se défend de vouloir recoller les morceaux, il apparaît probable que les institutions européennes accepteront de négocier des accords commerciaux préférentiels bilatéraux afin de préserver la stabilité économique et financière... et de ne pas condamner la porte d'entrée de l'UE en cas de revirement politique outre-Manche dans les prochaines années.

L'UE bénéficie d'ailleurs actuellement d'une position de force qui lui donne un avantage dans les futures négociations, à condition que les Etats membres ne se déchirent pas "aussi" sur ce sujet là ! Le contexte international et la position de Londres en matière de politique migratoire est de ce point de vue un facteur aggravant !

Pour le moment, ce bras de fer politique joue en défaveur des opérateurs du commerce transmanche. Les répercussions opérationnelles et douanières sur les supply chains qui passent par le Royaume-Uni représentent un risque potentiel pour les acteurs du commerce international : si la plupart attendent de voir dans quel sens le vent va tourner, nombreux sont déjà ceux qui entreprennent ou envisagent déjà de modifier leurs schémas de gestion des flux d'approvisionnement et/ou de distribution...

Nos experts en supply chain management et cross-trade sont à votre disposition pour vous aider à évaluer les risques potentiels sur vos activités et trouver des solutions et des schémas adaptés à vos objectifs de développement : n'hésitez pas à les consulter dans le cadre de nos prestations de diagnostic, d'expertise-conseil et de support hotline !

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Imprimer  B. CHAUVIN / M. ANTIER
Source(s) : Divers media (octobre 2016)
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