| Atmosphère Internationale la lettre de veille stratégique du commerce international Thème |
COMMERCE INTERNATIONAL |
Pays |
MAROC / AFRIQUE / UE / ASIE |
Date |
septembre 2016 |
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Zone de libre-échange
africaine : le Maroc veut jouer sa carte à fond ! | |
Synthèse :
S'il n'échappe à personne que le Maroc diversifie son
économie en promouvant l'investissement dans les secteurs secondaire
et tertiaire, le Royaume travaille en parallèle au renforcement
de sa diplomatie en Afrique. Une stratégie qui vise à
s'imposer aux yeux des grandes puissances économiques actuelles
et émergentes comme un portail d'entrée sur le marché
africain et ses promesses de croissance... Attention aux opérateurs
de l'UE, le portail pourrait paraître étroit si la Chine
ou l'Inde s'y engouffraient en même temps !
Le retour du Maroc dans l'Union Africaine (UA), 30 ans après
son départ, se fait de plus en plus insistant. Si les raisons
politiques sont avancées, dans son éternel bras de fer
avec l'Algérie, ce sont bien des raisons économiques
qui poussent le Royaume sur cette voie (cf. Atmosphère
Internationale de février 2016).
Objectif principal, intégrer et prendre le leadership de
la future zone de libre-échange continentale (ZLEC). Si
le projet est encore embryonnaire avec l'étude des questions
préparatoires relatives au processus de négociation
(documents techniques et règles de procédure), il est
néanmoins important pour le Maroc de se positionner le plus
tôt possible pour faire entendre sa voix.
Ce projet ambitieux pourrait s'avérer bénéfique
pour l'ensemble du commerce intra africain, en aboutissant à
la libéralisation par
- La suppression des droits d'importation, des obstacles non tarifaires,
des restrictions quantitatives et l'harmonisation des règles
d'origine;
- La coopération douanière et la facilitation du commerce
avec la mise en commun des mesures sanitaires et phytosanitaires;
- Le règlement des différends ainsi que les modalités
de négociations sur les secteurs agricole et industriel et
les services.
Une aubaine pour le Maroc qui se veut le promoteur des échanges
commerciaux sud-sud. |
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Avis de l'expert : La
mise en uvre de la ZLEC bénéficiera aux entreprises
marocaines ouvrant un boulevard économique vers ses partenaires
africains, moins avancés. Bien implanté chez ses voisins
grâce à ses entreprises de service (banques et assurances)
le Royaume pourrait être le grand gagnant de la réussite
du projet... Mais pas seulement !
Ses partenaires économiques historiques, bénéficiant
d'accords bilatéraux (Union Européenne, Etats-Unis,
Turquie) et accords commerciaux régionaux (Agadir et Ligue
Arabe), pourraient évidemment tirer profit de cette position
dominante : la fabrication et/ou la transformation de biens sur
le sol marocain leur conférant un accès privilégié
aux marchés des pays partenaires.
Néanmoins, on peut supposer que les nouveaux partenaires commerciaux
du Maroc (Russie, Chine et Inde), avec qui des discussions au sujet
d'accords économiques sont avancées (cf. Atmosphère
Internationale de mai 2016), conditionnent la finalisation des
négociations au rôle que jouera le Maroc dans la mise
en uvre de la ZLEC.
Cette situation confirmerait le Maroc comme trait d'union idéal
entre le marché africain au sud et européen au nord
pour ses nouveaux partenaires, notamment asiatiques... Or si la Chine
se met à investir massivement dans le tissu industriel marocain
avec des visées commerciales sur les deux continents, les opérateurs
communautaires qui commencent à s'y déployer peuvent
s'attendre à jouer des coudes pour se faire une place !
Si l'échéance n'est pas immédiate, il apparaît
donc nécessaire d'anticiper la concurrence asiatique au
Maroc : non pas vraiment en termes de parts de marché à
l'export (Maghreb/Afrique) face au "made in China", mais
surtout dans la perspective d'investissements industriels locaux
de fabrication/transformation de produits destinés aux marchés
communautaire et africain sous origine Maroc !
Rappelons à ce titre que les accords économiques en
vigueur entre le Maroc et l'UE (partenariat EUROMED) permettent
aux produits manufacturés ou assemblés au Maroc sous
certaines conditions de bénéficier d'une exonération
totale de droits de douane à l'importation sur le territoire
communautaire (cf. Atmosphère
Internationale de mai 2011).
Le Maroc en voulant diversifier ses partenaires économiques
et en insistant sur son rôle clé dans l'économie
du continent n'a jamais caché qu'il souhaitait s'émanciper
du giron européen. Le levier de croissance africain tant annoncé
pourrait être plus difficile à manier pour Bruxelles
dans ces conditions...
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